Comment définir une fonction critique ?
Certaines fonctions sont dites critiques en raison des difficultés de recrutement qui sont rencontrées pour y pourvoir. Chaque année, sur la base des offres d'emploi reçues chez Actiris, l'Observatoire bruxellois de l'Emploi répertorie les professions pour lesquelles il existe des difficultés de recrutement en Région bruxelloise et analyse leurs causes en s'appuyant sur l'expertise des conseillers emploi d'Actiris et des fédérations sectorielles patronales.
Comment expliquer les difficultés de recrutement pour ce métier ?
Le métier d'infirmier est une fonction critique par excellence, il apparaît chaque année depuis vingt ans comme profession présentant des difficultés de recrutement. Toutes les spécialisations ne rencontrent pas les mêmes obstacles. Les plus concernés sont l'infirmier breveté/gradué hospitalier, l'infirmier bachelier en gériatrie, en pédiatrie ou social.
L'origine des difficultés de recrutement est de nature quantitative et s'applique à l'ensemble des spécialisations du secteur infirmier. Cette pénurie est à mettre en lien avec les conditions de travail qui peuvent renvoyer une image négative du métier chez les jeunes, ou des abandons précoces. i>
Même si cette profession exerce une certaine attractivité, il apparaît ainsi que la charge de travail élevée et la lourdeur des tâches incitent plus d'un infirmier à travailler à temps partiel ou à abandonner prématurément sa fonction. Les problèmes sont nombreux : peu de reconnaissance, manque de temps pour accomplir les tâches, horaires décalés difficilement conciliables avec une vie de famille, surmenage dû au manque d'effectifs, salaires considérés comme trop faibles...
Il est à prévoir que, dans les années à venir, les infirmiers, indépendamment de leur diplôme ou spécialisation, soient à nouveau répertoriés parmi les professions qui génèrent des difficultés de recrutement. On s'attend à ce que la demande continue à augmenter en raison du succès des formules de travail à temps partiel ainsi que des mesures de réduction du temps de travail et de gestion des fins de carrière. Situation d'autant plus préoccupante que les infirmiers doivent faire face à l'évolution des techniques, à la diversification des services et des structures de santé, à l'intervention d'un grand nombre de métiers et de statuts différents et aux nouveaux besoins de la population : vieillissement, exclusion et pauvreté. De plus, l'accroissement des exigences de qualité des soins de santé et les progrès technologiques médicaux peuvent engendrer la demande de nouvelles aptitudes et compétences.
Décidé en 2016 pour répondre aux exigences européennes et pour mieux former les futurs professionnels à la réalité du terrain, l'allongement de trois à quatre ans des études d'infirmier responsable des soins généraux aura pour effet de diminuer considérablement le nombre d'étudiants fraîchement diplômés par rapport aux années précédentes. Pour le secteur des soins de santé, 2019 sera donc une année charnière. Seuls les étudiants de spécialités sortiront diplômés en 2019, tandis que les spécialistes manqueront à l'appel en 2020. Qui plus est, un grand nombre de départs à la retraite est prévu, ce qui va augmenter le nombre de postes vacants.